
Mr D. est un patient exerçant un métier à responsabilité, très stressant. A la suite d’un accident de voiture où il me dit avoir éprouvé une grande frayeur, il a développé un bruxisme important, accompagné de douleurs persistantes dans l’ATM gauche et des spasmes musculaires au niveau de la pommette. L’occlusion n’est pas parfaitement équilibrée, l’IRM ne montre aucune lésion osseuse ou méniscale. Il a déjà porté plusieurs gouttières occlusales, ainsi qu’actuellement le dispositif de désocclusion (NTI), qui ne le soulage que partiellement. Il vient me voir pour compléter son traitement, afin de travailler sur la composante psychologique, qui comme vous le savez, occupe une place importante dans les SADAM (syndromes algo-dystrophiques de l’appareil manducateur). Après la séance d’anamnèse, qui permet une collecte précise des informations cliniques, mais aussi des ressources personnelles et des objectifs du patient, trois séances ont été nécessaires, à la fois pour installer le processus hypnotique, mettre en place une stratégie thérapeutique et offrir au sujet l’apprentissage de l’auto-hypnose.
L’accent est mis sur le travail créatif de l’imaginaire, et il a été ainsi proposé d’effectuer :
– un travail symbolique à partir d’une réification de la douleur : le patient m’avait décrit sa douleur comme un étau qui se serre de plus en plus sur son côté gauche : je lui propose de visualiser cet étau et de tourner la manivelle dans l’autre sens, tant et si bien qu’il finit par se démantibuler, se désagréger et tomber au sol,
– un recadrage, aboutissant à une collaboration entre les différentes parties de la personnalité : la partie protectrice dont on reconnaît l’utilité en cas de danger et la partie créative qui invente de nouvelles solutions maintenant que le contexte a changé,
– une métaphore, présentée sous la forme d’une anecdote, où je raconte le rêve d’un patient souffrant du même problème : l’histoire d’un meunier qui fait tout pour protéger son bien le plus précieux, les meules de pierre de son moulin, qui servent à broyer le blé. A son dernier rendez-vous, Mr D. a constaté une nette diminution de ses douleurs, une disparition des spasmes, et une plus grande concentration dans le travail ; il lui arrive même « d’oublier » de porter sa gouttière…