Stanislav Grof, né à Prague en 1931, est un psychiatre tchèque, pionnier dans la recherche des états modifiés de conscience. Il commence ses recherches sur les drogues psychédéliques, surtout le L.S.D., en 1956 à l’Institut de Recherches Psychiatriques de Prague où il les poursuit jusqu’en 1967. Il part alors à Baltimore pour devenir chercheur et professeur de psychiatrie à l’Université Johns Hopkins. Il reste aux États-Unis où, comme chef de projet au Centre de Recherches Psychiatriques du Maryland, il poursuit ses recherches sur le potentiel psychothérapeutique des états de conscience produits par l’utilisation du LSD dans un contexte approprié. De 1973 à 1987, il est professeur-résident à l’Institut Esalen, en Californie, où avec sa seconde épouse, Christina Grof, professeur de yoga, il développe la » respiration holotropique » (1976). Stanislav Grof est, avec Abraham Maslow, l’un des fondateurs de la Psychologie transpersonnelle (1969). Il fut président de l’International Transpersonal Association en 1971, responsable de congrès internationaux dans le domaine transpersonnel. Aujourd’hui, Stanislav Grof fait partie des conseillers scienti?ques de l’INREES (INstitut de Recherche sur les Expériences ExtraordinaireS, 2007), qui a publié un Manuel clinique des expériences extraordinaires (Paris, InterEditions, 2009).
Méthode psycho-corporelle d’exploration de soi et d’expansion de la conscience, le Travail de respiration holotropique (TRH) utilise la combinaison de plusieurs facteurs : changement de l’amplitude et du rythme respiratoires, potentiel inducteur et curatif de la musique, effet de groupe et travail corporel. Ces différents éléments concourent à l’entrée dans un état de conscience modi?é, que Grof nomme » holotropique » du fait qu’ils permet d’accéder à une connaissance plus complète de la réalité, donc de nous-mêmes et du monde (le mot » holotropique » est issu de racines grecques : holos signi?ant : totalité, et trepeïn : qui se dirige vers).
Le Travail de respiration holotropique est inspiré de divers aspects des traditions spirituelles et de la psychologie des profondeurs, dont le chamanisme, qui a toujours misé sur les expériences de transe pour accélérer le travail psycho-spirituel. Grof a contribué à réintroduire dans le champ de la thérapie cette dimension longtemps refoulée en occident. Ces états transitoires et résolutifs, sont mis à pro?t par l’inconscient pour « ramener à la surface », sous la forme d’une reviviscence corporelle et affective, le matériel dont il a le plus vitalement besoin pour promouvoir un réaménagement, une évolution, voire une guérison. Dans ce cadre, il est possible de revivre, de remettre en scène, de déployer et de dépasser l’impact des événements traumatiques, toujours fondamentalement impliqués dans notre mode d’être au monde, qu’ils soient biographiques, périnataux, ou ancestraux. L’holotropie est également une voie d’accès à des expériences dites transpersonnelles, transcendant les limites spatiales, temporelles et identitaires. De plus, elle permettrait d’entrer en contact avec l’inconscient collectif et avec notre dimension spirituelle. D’où une palette in?nie d’expériences : retour à la vie prénatale ou à une « vie antérieure », à l’extase mystique. En favorisant une décharge énergétique parfois considérable, le TRH permet de revisiter des événements irrésolus et non intégrés, et ce » revécu » peut aboutir à la compréhension, à l’intégration, et à la guérison du traumatisme initial. Malgré les inconforts possibles (cris, larmes, tremblements, rires hystériques, frissons, crampes ou douleurs), le contexte sécuritaire aide à supporter l’expérience et à la transcender.
Une séance peut durer de une à quatre heures. Elle débute par un temps de relaxation accompagné de musique douce. Un praticien certi?é offre d’abord une introduction théorique au travail. Puis la musique devient plus rythmée. La technique consiste alors à respirer profondément. Lentement d’abord, pendant quelques minutes, ensuite en accélérant peu à peu jusqu’à un rythme rapide, comme lors d’un accouchement. Cette phase d’hyperventilation peut durer de une à dix minutes. En?n, on relâche, on se laisse aller, et le processus se déroule de lui-même. La nature et le cours des séances holotropiques varient considérablement d’une personne à une autre, et chez une même personne lors de séances successives. Certains individus restent entièrement calmes, presque sans aucun mouvement. Ils peuvent vivre des expériences très profondes, et pourtant donner l’impression à un observateur extérieur qu’il ne se passe rien, ou qu’ils dorment. D’autres sont agités et font l’expérience de secousses violentes, de mouvements complexes de torsion, prennent la position foetale, se comportent comme des enfants luttant dans le canal de naissance, agissent et se comportent comme des nouveaux-nés. Parfois, les gestes et les mouvements peuvent être très spéci?ques mouvements d’animaux particuliers, postures de yoga… La qualité des émotions observées lors de sessions holotropiques peut s’étendre d’un extrême à l’autre : sentiments de béatitude, de paix profonde, de sérénité, de grâce, d’unité cosmique, voire d’extase, mais aussi, épisodes de terreur, de culpabilité dévorante, d’agressivité… Ces états émotionnels extrêmes sont habituellement associés à des expériences périnatales ou transpersonnelles. On retrouve aussi une qualité d’émotion moins extrême et plus proche de ce que nous connaissons au quotidien – colère, anxiété, tristesse, désespoir, sentiments d’échec ou d’infériorité, de honte ou de dégoût, sentiments de bonheur, satisfaction affective, joie, épanouissement sexuel, augmentation globale de l’énergie vitale. Ces émotions sont habituellement liées à des souvenirs biographiques : expériences traumatisantes de la petite enfance, de l’enfance, et de périodes ultérieures de la vie.
Le Potentiel Curatif de la MusiqueDans la Thérapie Holotropique, l’effet de modi?cation de la conscience par la respiration est potentialisé par des musiques évocatrices. Comme la respiration, la musique fut utilisée pendant des millénaires comme outil essentiel des rituels et pratiques spirituelles. Les musiques peuvent mobiliser des émotions associées à des souvenirs enfouis dans l’inconscient, les amener à la surface, et faciliter leur expression. Elles peuvent intensi?er et approfondir le processus thérapeutique, et également fournir un contexte signi?catif à l’expérience.
La Phase d’HyperventilationLes résistances et les défenses psychologiques sont souvent associées à un blocage respiratoire. L’augmentation volontaire de la fréquence respiratoire conduit habituellement à un relâchement de ces défenses, mène à une libération, et favorise l’émergence de matériaux inconscients. L’hyperventilation modi?e la composition du sang. L’apport d’air augmente la concentration de l’oxygène et diminue la pression partielle de dioxyde de carbone d’où hypnocapnie et alcalose respiratoire. Ce qui provoque des modi?cations des sensations corporelles et de l’état de conscience. Couché sur un matelas de sol, les yeux fermés, le respirant pratique simplement une respiration ample et rapide pour amener l’hyperventilation. Une multitude d’images peuvent surgir, et il est fréquent de revivre des expériences émotionnelles passées – qui peuvent avoir été merveilleuses ou, plus souvent, traumatisantes. Il n’est pas rare que les participants parlent d’expériences de « contact cosmique », ou d’avoir revécu leur naissance.
Contact Physique et Thérapie en GroupeSelon Grof, il s’agit d’une expérience individuelle pratiquée collectivement, chacune des personnes pro?tant de l’énergie mobilisée par l’ensemble des participants. Le T.R.H implique pour chacun des participants de tenir successivement le rôle de Respirant et d’Accompagnant. Ces deux facettes de l’expérience sont essentielles pour comprendre, intégrer et dépasser le matériel ayant émergé dans la séance. L’accompagnant assure une indispensable présence, sans intervenir ou interrompre le processus. En tout temps, le praticien demeure présent dans la salle. Pendant la séance, les thérapeutes circulent dans la salle, attentifs à tous les mouvements, prêts à intervenir pour aider des participants.
L’utilisation d’un contact physique maternant et rassurant est un moyen très ef?cace de guérir certains traumatismes affectifs précoces, à un niveau pré-verbal. Cependant, cela nécessite de suivre des règles très strictes sur le plan éthique. Avant la séance, il est nécessaire d’expliquer aux » respirants » les raisons d’être d’une telle technique, et de recueillir leur accord vis-à-vis de son utilisation.
Travail CorporelLes tensions que nous portons dans notre corps peuvent être libérées de deux manières différentes. La première correspond à une catharsis : décharges d’énergies physiques refoulées (tremblements, crispations, toux,vomissements), ainsi que libération d’émotions bloquées (pleurs, cris). L’organisme consomme d’énormes quantités d’énergie auparavant refoulées, et simpli?e son propre fonctionnement en se débarrassant de celles-ci. Dans de nombreux cas, les émotions dif?ciles et les manifestations physiques qui émergent de l’inconscient durant les séances se résolvent automatiquement, et les » respirants » ?nissent leur séance dans un état de relaxation profonde. Ce travail continue jusqu’à ce que l’accompagnateur et le » respirant » aient le sentiment partagé que la séance est terminée de manière satisfaisante. Après une phase physiquement intense, les représentations mentales peuvent devenir graduellement plus calmes, parfois plus abstraites, puis l’organisme se prépare naturellement à mettre ?n à l’expérience. La séance peut aussi mener directement à une relaxation profonde, à un sentiment d’expansion et de bien-être, à des visions de lumière. Le respirant peut être submergé de sentiments d’amour et vivre une expérience de nature mystique avec les autres, la nature, le cosmos et Dieu. Ces états surviennent souvent à la ?n des séances, après les diverses épreuves que contient l’expérience.
Dessin de Mandala et Groupe de PartageA la ?n de la séance, le groupe se rend dans une autre pièce pour dessiner les images fortes de son expérience. Ensuite, chacun peut, s’il le désire, raconter ce qu’il vient de vivre. Une période d’échange verbal favorise l’intégration, approfondit et accélère le processus thérapeutique. Le résultat habituel d’une séance de respiration holotropique consiste en une libération émotionnelle et une relaxation physique très profonds.
Applications ThérapeutiquesLe T.R.H est un processus qui remobilise de formidables ressources inconscientes et énergétiques bloquées, investies dans les symptômes et les inhibitions. Il entraîne de ce fait, des réaménagements essentiels tant sur le plan psychique que corporel.
- En développement personnel : évolution, révélation et libération des potentialités créatrices
- Dépassement des phobies, angoisses existentielles, conduites d’échec
- Spasmophilie, ?bromyalgies, fatigue et dépressions chroniques, troubles des conduites alimentaires (boulimie, anorexie…)
- Dépendances et tendances alcooliques, toxicomanies
- Chocs émotionnels, physiques et psychologiques (névroses traumatiques, deuils dif?ciles)
- Maladies somatiques (à l’exception des cardiopathies et de l’épilepsie), notamment dermatologiques, les migraines, l’asthme, les atteintes digestives chroniques
Les pathologies psychiatriques graves ou bénignes, aiguës ou chroniques (crises d’adolescence, psychose)
Le Travail de Respiration Holotropique apparaît ainsi comme une possibilité unique de mettre à jour un matériel dif?cile voire impossible à mobiliser par le biais des seules approches verbales. Comme complément à une psychothérapie, elle conviendrait aussi aux personnes qui désirent aller dans les profondeurs de leur inconscient pour travailler sur des traumatismes passés – accidents, opérations, agressions – ou sur différents malaises physiques à fortes composantes psychosomatiques.