Sydney Rosen citait de cette manière Erickson : « je vais en hypnose pour être plus sensible aux intonations et aux inflexions de la voix de mes patients. Et pour me permettre de mieux écouter, de mieux voir. Je vais en transe et j’oublie la présence des autres. » Bien que l’intention puisse être différente, les hypnothérapeutes et les chamans utilisent la transe pour faciliter la guérison. » Erickson a par ailleurs défini l’hypnose comme « une expérience coopérative qui dépend de la communication d’idées par tous les moyens disponibles ». Etre en transe n’est pas nécessairement curatif en soi, bien qu’en impliquant un apaisement du corps et de l’esprit, cela puisse avoir un effet similaire à la méditation ou à la relaxation. La participation volontaire à une séance d’hypnose ou à un rituel de guérison tribal facilite l’ouverture du sujet à un changement d’ordre psychologique. On peut supposer que les rituels chamaniques sont équivalents à des inductions hypnotiques, et que les interventions de ces guérisseurs fournissent des suggestions à valeur thérapeutique. Les réponses des sujets sont équivalentes à celles produites par hypnose, et les traitements chamaniques sont sans doute liés au degré d’hypnotisabilité du sujet.
Les cérémonies rituelles aident les participants à réduire leur détresse psychologique, en leur offrant un sentiment d’appartenance au groupe, d’équilibre et d’harmonie. Erickson avait du sang indien du côté de sa mère et il était très fier de ses origines. Il avait rempli sa salle d’attente et son cabinet de symboles magiques. Il utilisait des « mots magiques » et des fétiches indiens, tels que des masques ou des poupées. Ces objets Zuni, des sculptures d’animaux en pierre ou en coquillage, sont sensés contenir un esprit apportant une aide surnaturelle à son propriétaire. Parke suggère que l’intérêt d’Erickson pour l’influence indirecte et non verbale était liée à sa connaissance de la culture des indiens Nord-américains. Pour l’anthropologiste et psychologue Teresa Robles : « comme les guérisseurs traditionnels, il rencontrait ses patients dans le rêve éveillé qu’il développait avec eux : la transe hypnotique. Puis, il les aidait à changer ». Betty Alice Erickson comparait son père à un chaman, dans le sens où il utilisait la nature comme professeur, comme une métaphore thérapeutique, et comme une ressource pour travailler avec son patient. Il appréciait l’art indien et possédait une immense collection de sculptures en bois de fer des indiens Seri du Mexique. Comme de nombreux chamans, Erickson a dû faire face à de nombreuses épreuves tôt dans sa vie, et il prescrivait des tâches et des rites de passage à ses patients, ce qui peut être interprété comme similaire à certains rituels chamaniques.
Pour Timothy C. Thomason, il existe de nombreux points communs entre les pratiques rituelles de guérison amérindiennes et l’approche Ericksonienne. En particulier, l’usage de l’hypnose – de manière directe ou indirecte – le conte, les rituels, la prescription de tâches et les métaphores. et de manière moins évidente l’orientation naturaliste, l’utilisation des symptômes et des croyances du patient, du cadre de référence et du langage du patient, la communication symbolique utilisant le recadrage et l’ambigüité pour ouvrir le potentiel de changement. Une différence majeure réside dans le fait qu’Erickson ne voyait pas ce qu’il faisait comme une approche transpersonnelle ou une guérison spirituelle. Il croyait que ses méthodes hypnotiques étaient naturalistes et que ses effets pouvaient être expliqués scientifiquement.
Dans ces deux approches, le succès peut être défini en tant que soulagement de la souffrance et du découragement, ce qui fait penser que ces techniques sont basées sur les mêmes principes psychologiques. Par exemple, l’hypnose fonctionne en augmentant l’aptitude au changement : un état d’ouverture et de suggestibilité augmente la probabilité que le patient envisage que le changement est possible. Une autre implication concerne le concept de résistance. Autant Erickson que les guérisseurs tribaux présupposent que les gens résistent au changement consciemment mais sont capables de changement de manière inconsciente. Raconter des histoires, prescrire des tâches mystérieuses, et d’autres méthodes sont employées afin de fixer l’attention du patient et de contourner la résistance consciente au changement.
La guérison psychologique est un processus puissant, qui transcende les limites culturelles. Les états de transe possèdent un potentiel de guérison, qu’ils soient utilisés par Erickson sur des patients de culture occidentale, ou par un chaman sur des patient de culture amérindienne. Bien que les croyances et les symboles utilisés varient en fonction de la culture des sujets, leur fonctionnement psychologique présente des similarités. Ainsi, les soignants doivent s’assurer que leurs techniques thérapeutiques sont compatibles avec les valeurs et les croyances de leurs patients. Il s’agit alors d’identifier, d’accepter et d’utiliser ces éléments significatifs, garants d’une communication thérapeutique réussie.